Tunisie

 

15 janvier 2009

A peine monté dans le bateau, nous voilà déjà mis à l’heure de l’Afrique avec un départ retardé de plus d’une heure, mais peu importe, nous avons le temps et sommes quand même soulagé de quitter le continent européen. Isa est aux anges et complètement subjuguée par la grandeur de ce navire et son luxe, luxe qu’il y a bien des mois que nous n’avons pas côtoyé et vu les pays que nous allons travers dans les mois à venir, que nous ne recroiserons pas de sitôt.

Malheureusement le rêve est de courte durée car un vent froid violent se lève et la pluie qui l’accompagne nous obligeant à regagner l’intérieur du navire où tout est fermé, pas de possibilité de faire du lèche vitrine dans les nombreux shopings du bateau, même le restaurant est fermé pour cause de basse saison et de voyageurs tunisien qui on tous prit un pique-nique nous obligeant à nous nourrir de petits biscuits et pâtisserie en tous genres durant les 10 heures que durera la traversée.

Notre arrivée sur sol africain ne nous sort pas vraiment de notre quotidien et c’est sous les nuages que nous arrivons dans le petit port de la Goulette.

ça nous change de notre tente de camping

 

Autant l’embarquement fut facile, autant le débarquement fut complexe car les policiers tunisiens ne nous considérant pas comme des passagers motorisés, nous font suivre la voie réservée aux passagers sans véhicule. Celle-ci est parsemée de portes et de rampes en colimaçons, qui rend notre progression des plus scabreuse.

Arrivant enfin devant la douane, les deux premiers postes sont facilement franchis, la chose va se corser aux contrôles des bagages, où nous tombons sur un jeune douanier zélé qui veut absolument faire passer nos attelages dans la machine à rayons X, et nous oblige à tout dépaqueter nos affaires pour les faire passer sur le tapis roulant. La queue derrière nous s’allonge. Ayant tout enlevé de nos vélos et le chargement externe des remorques, j’essaie de faire franchir le portique à nos vélos et attelages encore pleins de nos petites affaires quotidiennes.

Que nenni, le douanier zélé veut que nous vidions complètement nos remorques et passions tous nos petits objets perso par le tapis roulant. David excédé fait demi-tour, et se repositionne devant la machine avec nos deux attelages et ouvrant la sienne, prend un malin plaisir à vider un à un le contenu de sa remorque en commençant par les produits alimentaires. C’est au passage de la plaque de beurre, du pot de miel et de la brique de lait qu’un des supérieurs intervient en demandant à David à quoi il joue.

Après quelques explications ubuesques concernant notre voyage et le comment du pourquoi du contenu de nos remorques et un petit accrochage au sujet de ma pochette de CD contenant des programmes informatiques, celui-ci consent à nous éviter de tout déballer et nous fait passer simplement par le petit portique, sous les regards furieux du jeune zélé.

La nuit est tombée déjà depuis longtemps quand nous touchons enfin le sol tunisien ce 10 janvier 2009, où nous attend un hôtel glauque dans lequel nous  trouvons refuge et pouvons récupérer de cette journée. Aux premières lueurs de l’aube, nous filons sur Tunis qui se trouve à une petite quinzaine de kilomètres et décidons de nous y arrêter quelques jours afin de prendre nos marques et de nous habituer aux nouvelles règles et coutumes qui nous attendent.

dit papa, c'est loin l'Europe?  Tais-toi et rame

l'architecture s'orientalise

 

Arrivés à Tunis, nous nous dirigeons directement dans les quartiers populaires où nous trouvons des hôtels compris entre 9 et 15 euros la nuit et où vous pouvez manger au restaurant pour moins de 5 euros. C’est la première fois depuis notre départ que nos 20 euros journaliers prennent de l’importance et nous permettent de vivre confortablement, finis les froids réveils dans notre tente et la préparation de nos repas du soir à la lueur de nos lampes frontales.

A peine parqués devant la pension que nous avons choisi, David voit sortir d’un bar un homme tenant un café dans la main, il l’interpelle en le remerciant à haute voix de l’accueillir de la sorte. L’homme surpris, esquisse un sourire amusé et nous offre son breuvage. Isabelle est enchantée de tous les bienvenus et salahmalekoum qu’on nous prodigue mais va vite déchanter aux fils des jours en comprenant que sa couleur de peau est synonyme d’argent potentiel et que la plus grande partie des gentillesses exclamées ne sont prodiguées que pour l’appât du gain.

Tous les jours nous devons continuellement nous battre sur le moindre produit acheté ou consommé car à chaque fois on veut nous faire payer le prix touristes, comme par exemple un café à 15 centimes d’euros devient pour nous un montant de 80 centimes. C’est un combat de chaque minute et la moindre inattention vous est sèchement facturée, transformant le moindre "soyez les bienvenus" en "Entrez seulement que je vous arnaque".

Ici plus rien à voir avec l’Europe et encore moins avec la Suisse, sauf si ce n’est l’appât du gain et le manque total de respect envers la planète, qui est ici, bien plus criant, à se poser la question si le mot écologie existe dans leur langue, car elle ne fait vraiment pas partie de leurs préoccupations. Les déchets sont posés à même le sol ou dans des sacs poubelles ouverts ou éventrés et les rues se transforment en dépotoirs.

La nuit venue, les immondices sont récoltés tant bien que mal par une armada de vieux tracteurs agricoles. A bien regarder le parc automobile, nous avons l’impression de nous retrouver en Europe dans les années 80, tant les vieux diesels dégagent de gros nuages noirs. Et je ne vous parle même pas des lenteurs d’Internet qui nous font revenir aux temps des vieux modems 33'000 kbs où il vous fallait pas loin de deux minutes pour ouvrir une page. (il nous a tout simplement fallu plus d’une heure et demi pour mettre la dernière mise à jour en ligne)

Ici le monde tourne à l’envers, on écrit de droite à gauche et les journaux télévisés arabes nous font découvrir l’envers du miroir où les infos internationales sont quasi inexistantes et où les reportages sur la bande de Gaza tiennent la vedette. La Tunisie a un gros problème d’approvisionnement en eau potable et la plus grande partie du temps si ce n’est tout le temps, c’est de l’eau de mer dessalée qui sort des robinets, vous donnant l’impression quand vous vous lavez les dents, de vous rincer la bouche au bicarbonate de soude ou à l’Akaselzer.

surchargement de carottes

voilà le 4x4 tunisien mais celui-ci est écolo

les grands espaces commencent

 

Nous avons vraiment l’impression d’avoir accroché les nuages et le mauvais temps à nos remorques, car après avoir vécu un été et un automne européens pourris, nous voilà en Tunisie avec un climat froid et pluvieux que les locaux décrivent comme un hiver hors normes. Avec ce froid, le soir nous nous risquons à des sorties avec nos polaires à capuches et David se voit bien souvent avec sa barbe de 3 jours et son capuchon enfoncé sur la tête interpellé par les hommes qui lui parlent directement en arabe.

Après avoir passé pour un italien le voilà devenu tunisien, alors qu’Isa elle passe toujours pour une allemande, elle adore ! Ici les hommes s’embrassent pour se dire bonjour, coutume qui avait commencé déjà dans le Sud de l’Italie, par contre on sert la main des femmes.

Ne connaissant rien de ce pays, nous décidons de notre parcours en nous basant sur toutes les cartes postales que nous croisons dans la capitale et chaque fois qu’un "wahoo joli" sort de nos bouches, nous déplions notre carte géographique et entourons le coin à voir au stylo. Ne reste plus qu’à relier entre eux tous ces cercles et notre parcours est tout tracé.

23 janvier 2009

Après nos 5 premières nuits à Tunis, nous commencerons notre voyage en suivant la côte est jusqu’à Medenine, un peu plus au Sud que l’île de Jerba et de là nous irons direction plein est affin de traverser la Tunisie sur toute sa largeur en passant par Douz appelée la porte du Désert. Une fois arrivés à la frontière de l’Algérie nous remonterons gentiment en direction de Tunis.

Notre premier jour de vélo en direction de Hammamet est plutôt agréable compte tenu du bon revêtement de la chaussée qui nous donne l’impression de glisser sur des plaques de marbre tant le bitume s’est lissé sous la chaleur, et c’est avec facilité que nous parcourons 70  km qui nous séparent de cette petite ville.

Le deuxième jour fut moins enchanteur, car la belle route à deux voies s’est transformée en boulevard à une piste où les camions, tombeaux ouverts, vous klaxonnent avec l’espoir que vous allez vous arrêter sur les bas côtés sablonneux afin de les laisser passer, et si ce n’est pas le cas, les chauffeurs, enfin ceux qui sont payés au trajet, se changent en chauffards inconscients qui passent avec leurs camions-remorques à moins de 50 cm de nos vélos, manquant à chaque fois de peu de nous aspirer sous leurs remorques, Isa en a des sueurs froides.

(Ceci dit tous les autres chauffeurs sont vraiment d’un grand fair-play, en se poussant sur le côté gauche de la chaussée en nous faisant de grands signes d’encouragement avec un sourire qui leur remontent jusqu’aux oreilles)

dis maman, c'est quoi ces deux rigolos et leurs drôle de vélos

notre première saline

dentelle tunisienne...oups pardon...papier toilette

 

Ce genre de comportement fait prendre à David la décision de ne plus rouler aux bords de la chaussée mais de prendre sa place au beau milieu de celle-ci les empêchant ainsi de nous dépasser en nous frôlant si par hasard il y a des véhicules sur la voie inverse. Après la pose de midi nous pouvons enfin emprunter une petite route qui suit le bord de mer, nettement moins fréquentée mais avec un revêtement plus artisanal nous empêchant de rouler à plus de 15 kilomètres heures.

Nous passerons la nuit dans un petit village côtier avant de rejoindre le lendemain la grande bourgade de Sousse où nous serons bloqués pendant 3 jours par une pluie diluvienne, une fois encore, et ce n’est qu’au matin du quatrième jour que nous pouvons reprendre la route. La fenêtre météo est de courte durée et ne nous permet que de rejoindre la ville de Monastir avant que le ciel ne se couvre, dans l’après-midi, de noir et qu’une tempête pointe méchamment le bout de son nez.

Nous voilà une fois de plus coincés par les éléments naturels, ça commence malheureusement à devenir une habitude. Le seul bon côté de la chose, c’est que cela nous permet de faire laver notre linge et d’écrire ces quelques lignes. Nous espérons sincèrement que le Sud de la Tunisie nous réserve de belles surprises et  un accueil moins touristique. (il est permis de rêver )

à Monastir, il est très facile de faire un tour du monde en vélo

 

Voilà, il ne me suffit plus qu'à trouver une connection pour vous faire lire ces quelques lignes et on vous dit à très bientôt dans le désert

 

31 janvier 2009

Nous serons restés coincés 8 jours à Monastir sous une pluie diluvienne et un vent violent et c’est avec plaisir au matin du 9ième jour que nous reprenons la route car à Monastir rien à dire, alors on se tire Suivant les conseils de Tarsio, un Espagnol qui travaille dans la région depuis plusieurs années et que nous avons connu à Sousse, (il nous a fourni de précieux conseils sur la Tunisie) nous nous dirigeons en direction de El-Jem, antique capitale du commerce de l’olive (en latin:Thysdrus) afin d’y découvrir un amphithéâtre romain vieux de plus de 1800 ans et surtout ne pas râter le musée selon les dires de notre ami.

Nous suivons la petite route côtière et faisons un bon détour jusqu’à Mahdia (étant en saison morte, il est très difficile de trouver des hôtels ouverts et notre itinéraire se fait selon les renseignement obtenus auprès des villageois qui nous indiquent les villages où nous devrions trouver de quoi nous loger) puis prenons la direction d’El-Jem.

ne cherchez plus vos vieux habits, nous les avons retrouvés

mosquée de Bourguiba à Monastir

la mosquée vue de l'intérieur

 

Nous y arrivons enfin et découvrons une grande ville touristiquement morte, le seul hôtel est définitivement fermé depuis une année et nous échouons 6 kilomètres plus loin dans un hôtel qui se fait passer pour un trois étoiles avec un hall grandiose tout revêtu de marbre où trônent des statues et de gigantesques lustres de style arabe et de splendides mosaïques romaines qui ornent les murs.

Mais une fois dépassé la grande piscine, nous découvrons l’envers du décor avec une chambre dans un état lamentable, une porte d’entrée qu’il faut pousser à grands coups d’épaule pour l’ouvrir ou la fermer, une salle de bain où le moindre centimètre carré de joints silicone est recouvert de moisissure, et je ne vous parlerai pas des toilettes, un truc à vous filer des frissons et une salle de restaurant non chauffée et qui arrive juste à garder un petit 15 degrés.

(depuis notre arrivée en Tunisie nous avons connu pire, mais il s’agissait d’hôtel bas de gamme à 4 euros la nuit, seul point positif, depuis cet hôtel, nous avons appris à demander à voir la chambre avant de payer )

dans chaque ville où presque il y a une rue qui porte ce nom, l'espoir fait vivre

paturage citadin

quand l'histoire se mélange à la vie moderne (colisée d'El-Jem)

 

Au petit matin, nous retournons à El-Jem et c’est avec émerveillement que nous découvrons un amphithéâtre grandiose et dans un état de conservation à faire blêmir les fiers archéologues romains. Comparé à celui de Rome, celui-ci n’a pas été restauré et a gardé toute son âme. Ici tout se visite, des gradins à l’arène, en passant par les sous-sols où fauves et gladiateurs attendaient leur tour avant d’être hissés et livrés en spectacle.

Nous sommes tout seul à visiter ce monument grandiose et de se retrouver au centre de l’arène vous fait vraiment vivre ce que les combattants d’antan devaient ressentir avec le brouhaha de cette foule en ébullition (30'000 spectateurs) la sensation est vraiment intense et c’est avec difficulté que nous quittons nos armures imaginaires pour le musée.

Jamais nous n’avons vu de si belles et si grandes mosaïques (certaines font aisément plus de 4 mètres de largeur et pas loin de 20 mètres de longueur) les romains en faisaient de vrais tapis qui ornaient le sol de leur villa dans leur totalité. Un véritable régal pour les yeux tant par les formes et les représentations que par les couleurs encore vives de ces mosaïques.

petit détail du colisée

Isa dans l'arène mais la mise à mort n'a pas eu lieu

on a retrouvé Margeritte

 

Enfin la Tunisie nous fait vibrer car après trois semaines dans ce pays, notre sentiment était plutôt des plus pessimiste car depuis notre arrivée ce n’est que des villes sans importance et dans un état de saleté avancé que nous croisons, une pâle réplique de nos villes mais sans l’infrastructure qui va avec et les relations humaines ne sont pas possibles du à la cupidité des gens que nous croisons à longueur de journée.

Je sais, c’est un peu dur mais malheureusement très proche de la vérité car ici vous êtes étouffés à longueur de journée par les marchands, impossible de faire 5 mètres sans qu’un de ces vendeurs ne vous barre le chemin pour vous obliger à visiter son magasin, pas un seul "soyez les bienvenus" sincère, pas une seule discussion possible sans que cela finisse par du business, ce n’est plus une étincelle de vie que vous voyez dans leurs yeux, mais un billet de dix dinars derrière lequel ils courent désespérément au point d’en perdre toute identité et toute vision à moyen terme.

Même les grandes surfaces vendent du faux, pardon, de véritable copie, (j’ai acheté un jeu pour ordinateur dans un Monoprix, celui-ci était une copie avec dans le cd, devinez quoi, le crac, les initiés comprendrons ) Nous en sommes au point de nous dire que Fernandel aurait plutôt du jouer Ali Baba et les 40 Tunisiens où que Picsou devait être Tunisien.

détail des mosaïques romaine du musée d'El-Jem, de vrais chef-d'oeuvres toutes les formes y sont, Vasareli n'a rien inventé couleurs épicées au détour de la Médina

 

Sur le plan culinaire, vu l’impossibilité actuelle des contacts, nous en sommes réduits à fréquenter les petits restos ou fast food populaires et découvrons une pauvreté dans le choix des menus qui ne se composent le plus souvent que de poulets frites, de Fricassé (petit pains fourrés de thon, d’œuf et de patates, agrémenté de quelques olives) ou de Chapati (galette de pain fourrée avec une omelette)

Les ingrédients de bases sont toujours les mêmes et ils nous aura fallu quelques jours pour nous habituer à l’harissa qui se retrouve dans toutes les compositions alimentaires et nous satisfaire de nos repas de midi très souvent composé d’un bout de pain, d’un yaourt et de quelques dates et bananes, fini le sandwich salami ou jambon vu que la viande de porc est interdite.

Le plat du pauvre est composé d’haricots blancs en sauce tomates mélangé à des bouts de pain (ici le pain est mangé en grande quantité et sert souvent de couverts) Parfois nous avons la chance de croiser un petit resto qui sert du couscous sur lequel nous nous précipitons avec bonheur

. Maintenant que nous sommes un peu plus tunisien, nous arrivons enfin à payer le prix normal, moins de 20 centimes suisse le kawa halib (café au lait), 2 francs 40 un bon couscous poulet, quand aux hôtels, cela varie de 4 francs 20 pour l’hôtel bas de gamme à 34 francs suisses pour les 3 étoiles (après discussion évidement, sinon vous avez la couleur de peau à payer bien plus cher )

Les gens sont très souvent habillés de manière européenne, (enfin les hommes) à l’exception des chaussures qui sont très souvent des charentaises, et les femmes, à l’exception des grandes villes, sont quasi invisibles, ce qui met très mal à l’aise Isabelle quand nous nous arrêtons dans un café ou que nous nous promenons le soir dans les rues et que tous les regards se posent sur elle et cela malgré le fait qu’elle soit toute habillée de vêtement long, un vrai remake de la planète des singes.

6 février 2009

Pour la première fois nous avons enfin pu avoir une discussion culturellement évoluée après avoir fait la connaissance de l’adjoint au maire de la ville d’El-Jem, discussion qui éclaire enfin un peu notre lanterne sur toutes les questions que nous avions sur la Tunisie, et sur ses conseils, nous filons en direction de Chenini-El-Gabes pour y découvrir une rareté de la nature, une Oasis Maritime.

Les 4 jours qui nous séparent de cet endroit soit disant paradisiaque furent vraiment très contrastés, autant ils furent épouvantables car nous avons subit 2 jours de vents violents de face, puis vécu notre première tempête de sable contre laquelle nous n’étions vraiment pas préparés et qui vous gerce les lèvres à une vitesse incroyable (je ne vous parle même pas de la quantité de sable avalée, à tel point que le soir, sur les toilettes, c’est des briques que nous avons pondu ) et passé une nuit dans le plus pourri des hôtels imaginables.

Sans parler de l’unique route qui mène à Gabes et qui durant trois jours fut pour nous une véritable épreuve, un sentiment de roulette tunisienne où les camions roulant à tombeaux ouverts arrivent de justesse à se croiser et quand vous êtes sur leur trajectoire, vous klaxonnent sans fin pour vous imposer de vous jeter sur le bas coté qui n’est que gravier et bris de verres et quand vous ne pouvez le faire, vous rasent au plus près, manquant à chaque fois de vous aspirer sous les roues de leur remorque et parfois le frôlement est si proche qu’Isabelle en à des larmes qui lui coulent le long des joues de rage et de peur mélangée.

Cette situation me fait une fois encore prendre le taureau par les cornes et je me plante avec mon vélo au beau milieu de la voie afin de lui assurer un semblant de sécurité en empêchant les camions de nous doubler en cas de circulation inverse. Cela ne va pas sans mal et les innombrables coups de freins au dernier moment de ces fous du volant nous font vraiment avoir des sueurs froides, sueurs froides que nous avons aussi à chaque camion qui s’arrête au bord de la route après avoir été crédité d’un joli doigt d’honneur pour avoir joué avec nos vies, mais heureusement, pour le moment, ces confrontations finissent toujours en notre faveur et une fois leur tord reconnu, ils nous souhaitent bonne route.

des flamands roses dans la mer méditerannée ??? dans le golf de Gabès

souvent le conford est très spartiate

du requin pour le souper, et moi qui croyait qu'il était protégé

 

Autant ce chemin de croix fut merveilleux sur le plan humain, car ayant enfin quitté les régions touristiques, nous vivons enfin l’accueil du voyageur qui est prôné par le Coran (désolé pour les touristes, cela ne concerne que les voyageurs ) et à l’arrivée dans la petite ville de Shkira où nous apprenons que le seul hôtel à 50 kilomètres à la ronde est définitivement fermé, les clients du café où nous nous sommes arrêtés, nous installent sur la terrasse avec un bon café et nous disent de ne pas nous inquiéter, qu’ils vont nous trouver une solution.

La solution s’appelle Ridha Grayrai, il nous accueille au sein de sa maison pour partager un vrai repas en famille où quatre générations vivent sous le même toit. Isabelle passera toute la soirée à tenir la main de la grand-mère qui est parée d’un costume traditionnel, tissu haut en couleur et tenu par une parure en argent, soignera la maman qui souffre d’une belle entorse et qui doit quand même continuer à travailler 7 jours sur 7, douze heures de travail journalier sans compter les 12 kilomètres à pied qu’elle doit faire pour s’y rendre et tout cela pour un misérable salaire de 180 dinars (moins de 150 francs suisses) même pas le salaire moyen d’un ouvrier qui est d’environ 300 francs suisses, pas de jour de repos et encore moins de vacance.

Pour ma part  je discuterai toute la soirée avec notre hôte, qui est le seul homme présent car son père travaille sur un chantier loin d’ici et ne peut rentrer à la maison qu’une fois par mois. Il me montre son système de récupération de l’eau de pluie qui finit dans un réservoir et sert à desaltérer toute la famille.

quand la tempête de sable se lève tout se trouble

pris au dépourvu, on se protège comme on peut

la famille Grayrai et les 4 générations de femmes

 

Arrive le repas, repas copieux et varié (enfin) malgré la pauvreté de cette famille et la soirée fut chaleureuse malgré les problèmes de communications car le français n’est pas correctement manié par beaucoup de tunisiens et notre apprentissage de l’arabe a été des plus problématique du au peu de contacts. Une dernière poignée de charbon est déposée dans le seau en fer qui sert à chauffer un peu la pièce principale et aussi à la préparation du thé rouge qui coula à flot durant toute la soirée et tout le monde va se coucher, les femmes de la maison dans la seule chambre que comporte celle-ci, et nous dans la pièce principale avec Ridha.

Au petit matin après un déjeuner tout aussi copieux et varié, nous arrivons avec peine à refuser tous les cadeaux que l’on voulait nous donner, (couverture et grande cape tunisienne en laine, la Kochabia) et après une longue séance d’adieu et de grandes embrassades, nous repartons quand même avec les portes chances (poivrons et queue d’espadon séchée, la corne de gazelle a pu être évitée pour cause de place ) et une photo de notre ami, car l’excuse du poids à transporter n’était plus valable pour ces objets.

strict minimum mais chaleur humaine maximum

les paysages croisés deviennent de plus en plus arides

les anciens de Chenini en plein dominos avec leur Chéchia rouge qui est native de malaisie

 

Dernière ligne droite avant notre Oasis, encore 50 kilomètres à faire sur cette route où en l’espace de 4 jours nous avons risqué plus souvent notre vie que dans toute notre existence pourtant vécue avec témérité, heureusement pour nous, ce jour là, nous avions nos nouveaux grigris et le vent n’est plus de la partie, comme la saison des pluies qui est enfin finie, ici le printemps commence et le soleil brille, aussi la saison du vent comme ils l’appellent (haaa, bin là on est vachement content de l’apprendre)

5 heures plus tard, après avoir perdu ma queue d’espadon lors d’un frôlement vraiment très proche et subi notre premier contrôle policier où tout notre itinéraire est demandé et ausculté (la Tunisie est une sorte d’état policier, vous avez l’obligation de vous annoncer à la police si vous dormez chez l’habitant) (à publier ce genre d’info, on va finir par se faire raccompagner à la frontière )

nous découvrons les faux-bourgs de la grande ville de Gabès, toute aussi bruyante et sale que les autres villes, toute aussi triste que toutes celles que nous avons croisées, mais peu importe, plus que quelques kilomètres pour rejoindre notre Oasis, notre petit coin de paradis où nous espérons pouvoir nous y reposer quelques jours et oublier cette route dantesque et c’est avec plaisir que nous empruntons une petite route bordée de palmiers et de verdures, plus le bruit des puissants camions fous, plus cette odeur de diesel qui vous brûle la gorge et les poumons, plus ces paysages arides jonchés de déchets en tout genre et ce ballet de sacs plastiques volants à tout vent, enfin le calme, les oiseaux et les cigales prennent le dessus à notre plus grand plaisir.

C’est avec soulagement que nous arrivons à Chenini, la plus grande Oasis maritime au monde avec ses 12'000 âmes et zéro hôtel  mais heureusement pour nous, nous sommes au Sud, nous sommes voyageurs, et à peine posés sur la terrasse du café remplie d’anciens en train de jouer aux cartes et aux dominos, plusieurs propositions d’hébergements émanent de tous bords, du notable de la place à l’instituteur, de l’opérateur cinématographique à l’ouvrier à la retraite, nous sommes bombardés de propositions et au final, on met à notre disposition une grande maison de plus de 200m2, maison avec une cour intérieure ombragée par un arbre couvert d’oiseaux.

Le vrai paradis, enfin presque, l’Oasis est morte… mais cela est une autre histoire que nous vous conterons à notre prochaine connexion 

11 février 2009

3 jours que nous serons restés dans cette petite maison paradisiaque, juste le temps de nous reposer complètement et apprécier à sa juste valeur la rencontre que nous y faisons en la personne de Mabrouk Jabri, qui nous raconte le combat qu’il a mené avec un scientifique français de renom, Pierre Rabit, pour essayer de sauver cette perle de la nature et qui maintenant nous raconte la mort annoncée de cette Oasis qui fut en son temps un petit coin de paradis, son histoire et le timbre de sa voix nous font comprendre que son cœur saigne, voici l’histoire de cette Oasis.

En 1972 l’état Tunisien donne son accord pour l’implantation d’une zone industrielle qui en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, asséchât les 250 sources d’eau de l’oasis qui fournissaient à celle-ci plus de 800 litres seconde et le déclin commença. Sur les 400'000 palmiers du départ, près de la moitié son mort de soif, n’assurant déjà plus le micro climat qui permettait de faire des cultures à étage, et la moitié restante n’est pas à envier car la cupidité de l’homme est ici aussi visible que le nez au milieu de la figure.

Cette ignominie s’appelle sève de palme, sève qui est récoltée dans de petit seau plastique après avoir sectionné le sommet du palmier, juste à la naissance des nouvelles branches, droit dans le cœur du palmier. Ceux qui se font du fric facilement de cette manière assurent que le palmier ne meurt pas et que les branches repoussent. Nous avons effectivement pu constater qu’un petit nombre d’entre eux arrivent à reprendre vie après avoir subi ce saccage mais malheureusement la plus grande partie n’y survivent pas, ne laissant après 100 ans d’existence que des allumettes géantes pointant vers le ciel, comme une croix posée sur une tombe.

palmier vampirisé de Chenini-El-Gabes

l'entrée d'une maison troglodyte à Matmata

et leur cuisinière moderne

 

Cette vision fut pour nous un choc, un retour dur et glacial à la froide réalité financière de ce monde aussi stupide qu’absurde, une réalité qui brise directement l’espoir que nous avions d’avoir la chance d’être très certainement les derniers à voir notre planète encore belle et luxuriante, de croiser encore de petits coins de paradis, malheureusement pour nous, nous arrivons bien trop tard et la mort de la planète que nous prévoyons à déjà bien de l’avance sur nous, pauvres enfants que nous laissons derrière nous, que vont-ils penser de leurs aînés… j’en ai déjà honte d’avance.

Idem pour le golf de Gabès à quelques kilomètres d’ici, avec ses si belles plages et son eau qui contenait une variété exceptionnelle de poissons, il n’en reste rien. Il nous raconte encore l’essai fait dans la capitale pour le tri des déchets, encore une histoire bien triste car sur toutes les poubelles vertes qui on été posées, il n’en reste plus aucune, toutes ont été volées car elles étaient parfaites pour contenir des olives, pas mieux pour la tentative faite dans ce village, un grand espace a été créé pour le tri sélectif, mais celui-ci reste désespérément vide, ne reste plus qu’un petit bâtiment complètement délabré, une pseudo clôture et un beau panneau rappelant le beau projet. Triste réalité où le monde s’en fout, mais le monde lui va nous le rappeler.

Nous décidons d’aller nous changer les idées à El-Hamma et de profiter de ses termes pour nous laver de tout ce que nous venons d’entendre, nous partirons le lendemain matin et finissons notre journée sur la terrasse du café, celle-ci où nous sommes arrivés quelques jours auparavant, celle où le patron du café s’absente 5 fois par jour de son établissement pour aller à la mosquée faire ses prières.

même pas vrai, elle a deux bosses donc chameau

le village d'Oum Ech-Chia dans son entier ou le repère de tarzan

notre palace de luxe d'une nuit chez Tarzan

 

Comme convenu, aux premières lueurs du matin, nous déjeunons avec plaisir et filons parcourir les 30 kilomètres qui nous séparent de notre première expérience de bain dans des sources chaudes. Il y a juste un petit détail que nous avions oublié mais qui s’est très vite rappelé à nous… nous sommes en février, le mois du vent, et après une lutte de près d’une heure et demi et 8 petits kilomètres parcourus, nous déclarons forfait, tournons le dos au vent et allons nous réfugier à Gabès en espérant que le lendemain ce vent si violent soit tombé.

C’est beau l’espoir car à notre réveil dans le plus pourri des hôtels que nous avons fait depuis notre départ (marrant, nous arrivons chaque fois à trouver plus pourri que ce que nous pensions être le summum du pourri, font vraiment fort les Tunisiens ) du coup nous voilà obligés de laisser nos vélos dans cet endroit glauque et de prendre un taxi bus commun, où 8 passagers louent une fourgonnette (enfin si l’état du véhicule permet d’appeler encore cela une fourgonnette ) et parcourir les30 kilomètres pour 1,50 CHF par personne.

Une fois sur place, nous louons une piscine privative de 5'000 litres et profitons au maximum de l’eau qui jailli à 45° pour nous délasser et surtout nous décrasser avant de retourner par le même moyen dans notre plus pourri des plus pourri d’hôtel. Au petit matin, après avoir parcouru plus de 10'000 kilomètres, le rêve se brise… Isa a le mal de ses enfants et veut rentrer à Genève…

qu'est-ce? le détail du bitume que nous avons endurés sur près de 100 kilomètres, les cyclistes comprendront

notre ami Fadel chinoisant Isabelle

et son fameux thé cuit

 

Petite anecdote: Isabelle au café, ayant une grosse envie de pipi, se lève et se dirige vers les toilettes. A quelques mètres de la porte, le garçon de café se jette devant elle et lui demande ce qu’elle veut. "J’aimerai aller aux toilettes" sur ce le garçon réplique que cela n’est pas possible. Plutôt surprise, Isabelle lui demande pourquoi et la réponse tombe, la porte est fermée. "Donne moi alors la clef" s’exclame gentillement Isa.

Le garçon tout surpris lui dit qu’elle ne peut pas aller aux toilettes et Isa surenchérit immédiatement en lui disant qu’elle a vraiment besoin d’aller aux toilettes. Elle reçoit comme réponse que les toilettes sont trop sale mais parvient au final à prendre la clef. Une fois la besogne faite, en sortant, le garçon revient à sa rencontre et lui dit les yeux baissés "c’est vraiment très sale hein" et referme la porte à double tour. (heureusement que le porc est interdit par la religion )(ceci est de l’humour bien évidement)

19 février 2009

Après deux nuits passées dans cet hôtel de Gabès qui porte un nom à faire rêver, l’hôtel Bienvenu, (merci ) et après de longues discussions et pleurs, nous décidons de continuer notre voyages jusqu’à Tozeur, ceci laissera le temps à Isabelle de bien réfléchir sur son envie de rentrer voir ses enfants et surtout comment elle le fera, juste un moment ou définitivement, sa raison et ses sentiments se mélangent, mon cœur se serre, mes pensées et mon esprit se troublent et c’est dans cet état d’esprit que nous prenons la direction de Matmata, le village des maisons troglodytes.

la cabane à Fadel

où nous avons festoyés entres amis (Isa, Fadel et Mohamed le bricoleur, enfin plutôt esquimau ce soir là)

la cuisine par contre est en dehors et malgré le feu, il fait bon resté couvert la nuit

 

Depuis notre arrivée dans la région, la présence militaire se fait sentir, la zone interdit au sud n’est pas bien loin et les contrôles policiers sont encore plus fréquents que dans le nord mais pas le temps de se poser la question du pourquoi du comment que notre ami le vent qui était absent depuis le matin, se rappelle à nous.

Après avoir parcouru près de trente kilomètres en 4 heures avec un vent de face si fort qu’il réveille en nous toutes les douleurs oubliées de nos muscles, nous essayons de trouver refuge pour y passer la nuit, mais sans succès, il va nous falloir encore parcourir les 14 kilomètres qui nous séparent de notre destination, et pour ne pas arranger les choses, Matmata est perchée sur une colline, encore 14 kilomètres de montée à faire qui seront jonchés de coups de vents de plus en plus violents et d’arrêts de plus en plus fréquents.

Deux heures plus tard nous sommes encore à 4 kilomètres de notre lit, de notre douche qui soulagera très certainement nos douleurs, nous comptons les mètres, ces mètres qui paraissent interminables tant le vent est violent, ce n’est plus nos muscles qui nous font avancés, mais une incroyable détermination d’en finir avec cette montée, avec ce vent qui parfois vous oblige carrément à poser le pied au sol, plus que trois kilomètres, non, encore trois mille mètres et la pente se fait encore plus raide.

Encore trois mille tours de pédalier pour enfin pouvoir s’arrêter, se reposer, un, deux, trois tours, voilà, encore mille de faits et la pente devient encore plus raide, on se demande si la volonté va suffire tant l’effort est violent… puis comme dans le plus beaux des rêves, comme pour nous récompenser de notre persévérance à continuer, une vieille Peugeot 404 avec un pont arrière s’arrête à ma hauteur et le chauffeur me demande s’il peut nous aider.

Et comment qu’il peut nous aider fut la première phrase que je lui ai lâchée, avant de lui dire merci de s’être arrêté et de voir arriver Isabelle à ma hauteur plongé sa tête sur son guidon pour retrouver un peu de force. On démonte les remorques, un dernier effort pour charger le tout sur le pont, Isa monte devant et me voilà derrière afin d’assurer le chargement durant les deux derniers kilomètres. Jamais je ne fut si heureux d’arriver à destination car le chauffeur inconscient du poids des remorques les a parcourus comme-ci de rien n’était, me faisant valdinguer de droite à gauche, essayant vainement de tenir les remorques et les vélos afin que ceux-ci ne tombent pas en marche.

3 minutes épouvantables malgré les cris d’Isabelle pour faire ralentir le chauffeur, les remorques finissent heureusement par se coucher sur le pont et moi accrocher au deux vélos en attendant que cela finisse. Nous y voilà, enfin arrivé, et à première vue en un seul morceau. A peine le temps de décharger nos vélos et nos remorques et de lui dire merci que le chauffeur file sans demander son reste, il a bien trop peur que la police le voie transporter des touristes.

la végétation disparaît aux fils des kilomètres

et toujours cette vision d'horreur, des palmiers vandalisés, pillés et saccagés pour l'argent

plus de palmier, voilà ce qui arrive... vieille ville de Ghlissa ensablée

 

Même pas le temps d’accoupler nos remorques à nos vélos qu’un policier arrive, il se dirige droit vers Isabelle en s’écriant "vous êtes les deux Suisses ?" ensuite il la questionne sans relâche, sur l’hôtel que nous allons prendre, combien de temps pensons nous rester ici et finit par lui demander où est ce que nous irons après…

Isa un peu excédée par sa journée et ce comportement policier essaie la dérision en lâchant un " on vient d’arriver, on est fatigué et on veut boire un café, mais si on a pas le droit de rester il faut nous le dire, on repart sur le champ" son visage change, il sourit, nous souhaitant la bienvenue et repart sur ses pas, voilà, nous sommes arrivés, nous pouvons enfin nous poser devant notre petit kawa halib et voir la nuit tomber.

le buisson qui nous protégea des morsures du vent

le soleil revient enfin avec sa chaleur au petit matin

vue sur les pleines enneigées... non, simplement du sel

 

Le matin, nous découvrons pour la première fois et avec émerveillement, un décor naturel de toute beauté et comprenons pourquoi un des épisodes de la guerre des étoiles à été tourné ici et nous passons toute la journée à gambader dans la ville (enfin gambader est un bien grand mot, on vous parle pas de l’état de nos jambes après une journée à lutter contre le vent) et à nous émerveiller devant ces maisons creusées à même la roche tendre de cette région.

Après une nuit supplémentaire de récupération, nous décidons de parcourir les deux derniers jours de vélos qui nous mèneront à Douz où nous pourrons enfin saluer le désert. Autant nous pensions avoir vécu notre pire journée de vélo pour arriver à Matmata, autant les deux jours qui nous attendaient furent pire et ce malgré le premier jour qui fut accompagné de paysages toujours aussi splendides.

La première raison fut 13 kilomètres de montée, la seconde fut le retour du vent en fin de matinée, la troisième fut un revêtement de route que même dans nos pires cauchemars il ne pouvait être plus mauvais (imaginez des cailloux de 25 a 30 millimètres collés au sol, vous passer une journée complète assis sur un vibro masseur, non, ça ça peut être cool, plutôt sur un marteau piqueur ) et la quatrième fut de mauvaises indications de notre carte routière qui annonçait sur 100 kilomètres deux petits villages où nous pourrions trouver des vivres et de l’eau et y passer la nuit.

Le premier village n’était en fait qu’un puit pour dromadaires et le deuxième n’était pas mieux, il était constituer de deux toutes petites cahutes cylindrique de 3 mètres de diamètres (ceux qui connaissent, le café Tarzan) et malheureusement que 1,5 dinars en monnaie, juste de quoi nous payer un coca. (ne jamais voyager dans les coins perdus avec des billets)

notre plus longue ligne droite, 70 kilomètres

et cette fois plus aucune végétation

le Chott entre illusion et réalité

 

Pour la petite histoire, avant que les militaires ne fassent cette route (je suis vraiment gentil d’appeler cela route) l’ancienne piste passait devant le café Tarzan et les touristes prenaient le temps de s’y arrêter et de bien faire gagner sa vie à Tarzan, ce n’est plus le cas actuellement, ici les touristes se font appeler les "gens pressés" et Tarzan est devenu pauvre et souvent ivre, mais surtout sans monnaie  (ceci dit, il s’est proposé de nous prêter pour la nuit un petit refuge en branches de palmier où nous avons pu pleinement profiter de la nuit étoilée que seule une région désertique peut vous offrir, et donné un peu d’eau pour faire notre repas du soir, merci à toi l’ami)

le lendemain fut encore pire, un litre d’eau pour parcourir 60 kilomètres et toujours ce bitume à vous faire regretter votre confortable canapé et pour agrémenter le tout, un paysage des plus ennuyant et des plus sec et je ne vous parle même pas de notre repas composé des seules dattes que nous avions. Je crois bien que jamais nous n’avions tant désiré un bon coca bien frais et un bon gueuleton. Les kilomètres défilent, quand enfin un changement dans le paysage,  pour la première fois nous sommes contents de voir voler des sacs plastique qui nous indiquent que notre effort touche bientôt à sa fin, la civilisation est proche, le coca et le gueuleton aussi et c’est la peau complètement cartonnée que nous nous précipitons dans le premier fast food que nous croisons.

quand les tombes se font tas de sable

quand la vision devient imaginaire sur le Chott

récolte du sel dans le Chott, celui-ci salera les routes européennes

 

Notre premier jour à Douz fut pour la plus grande partie du temps composé d’arrêt bistrot pour compenser nos manques des deux derniers jours passés et au deuxième jour, comme par magie, comme cela se passe souvent quand vous voyagez le cœur ouvert, nous faisons la rencontre qu’il faut, nous faisons la rencontre Fadel, un personnage qui mérite d’être connu, qui s’est retiré de la vie tourmentée de Douz pour vivre dans une cabane en branches de palmier et s’occuper de ces 400 dattiers pour en vivre.

Il nous transmettra une bonne partie de son savoir sur les dattes, prodiguera à Isabelle des soins de médecine chinoise qu’il a appris avec un vieil homme venu de là-bas, partagera avec nous un repas qu’il prépara sur un feu de palme, nous faisant un peu oublier le monde bruyant de cette ville ou les mobylettes et les MBK trafiquées nous font revivre le bruit des villes françaises.

Le jour suivant, le 14 février, nous profitons un peu de nous en allant faire une petite balade pédestre en amoureux dans le désert et découvrons la vieille ville de Ghlissa qui a été ensablée par l’avancée du désert (continuer à détruire vos palmiers, vos enfants vont bien rigoler dans quelques années) les deux derniers jours ont à nouveau été composées de longues discussions et de bien des yeux humides que même la découverte de coutumes différentes à la notre non pas su assécher, les têtes de vaches ou de chameaux qui pendouillent devant les boucheries ne nous font plus nous regarder avec cette air amusé.

Tozeur n’est plus qu’à deux ou trois jours de vélo et Isabelle à toujours cette envie de serrer ses enfants dans ses bras et pense que la vie de nomade n’est pas faite pour elle. Il nous reste trois jours, trois jours pour traverser le Chott désertique (lac salé) et arriver à Tozeur, trois jours de réflexion avec nous même pour nous préparer à la conclusion finale qui peut être modifiera à tout jamais nos vies respectives…

(Pire que Dallas ce site )

tellement longue et droite qu'elle disparait au loin

quand la nature est plus forte que le désert cela donne une splendeur (qui connait le nom de cette fleur?)

24 février 2009

Nous sommes à peine montés sur nos vélos que le vent, comme à son habitude, se lève et ne nous lâchera pas durant tout le temps que durera notre trajet jusqu’à Tozeur, mais heureusement pour nous le bitume est enfin redevenu normal et malgré le vent nous décidons de ne pas nous arrêter dans le dernier village que nous croisons avant la traversée du Chott, nous n’y prenons que des vivres pour deux jours et de l’eau en suffisance afin d’avoir de quoi vivre pour les 80 kilomètres qu’il reste à faire avant de trouver un autre village.

La journée la température est vraiment agréable mais la nuit elle chute brusquement de plus de 20° et vient flirter avec le zéro, du coup, la journée nous pédalons en tee-shirt et la nuit nous nous retrouvons vêtu de nos anoraks polaires que nous mettons par-dessus nos sacs de couchage pour dormir car ceux-ci ne supportent pas une température si basse et le vent qui nous vient d’Algérie est vraiment froid car il passe sur des régions où il a neigé. Durant près de trois heures nous progressons sur cette ligne droite sans fin, une ligne droite de près de 80 kilomètres et comme le sol est vraiment plat, que vous regardiez devant, derrière ou sur les côtés, votre regard se perd dans le vide, la route elle-même disparaît de votre vue, vous donnant l’impression de voyager sous une cloche à fromage géante qui délimite votre vision et votre monde.

très content de l'apprendre

mais la réalité est tout autre (ordures sauvages)

Les ordures font au moins le bonheur des chèvres de ville qui se baladent en toute liberté

 

Il est 17 heures et le soleil commence doucement à regagner son repère pour la nuit, le vent froid augmente en intensité, nous savons que dans 1 heure la nuit nous aura rattrapé et nous nous mettons à la recherche d’un abri pour la nuit car plus nous avançons et plus les buissons deviennent petits, nous indiquant que nous nous rapprochons du lac salé où il nous sera impossible de mettre la tente. Nous trouvons enfin notre petit coin derrière un gros tas de sable qu’un buisson a retenu aux fils des ans, un abri parfait qui nous protègera de la morsure du vent et de la froide nuit qui arrive rapidement.

A peine le temps de nous faire à manger que la nuit cette fois est tombée, nous offrant à nouveau un ciel étoilé comme il est rare de le voir, aucune pollution lumineuse ne vient troubler ce ciel noir où les étoiles brillent de tout leur éclat, il fait tellement noir que nous voyons se dessiner les voies lactées et nous restons un bon moment assis côte à côte, main dans la main, à contempler ce spectacle grandiose.

Seul les phares de quelques camions remorques solitaires viennent troubler ce tableau avant de nous saluer par un coup de klaxon et de disparaître dans le lointain laissant à nouveau la place au silence total et à la noirceur de la nuit. Nous éteignons notre bougie et profitons un dernier moment de cet endroit, de ce silence si profond que vous en entendez votre sang circuler dans vos veines puis nous filons dans la tente, nous nous enlaçons comme ci cela allait être la dernière fois et nous sombrons dans un sommeil bienfaiteur.

après margueritte, nous avons retrouvé Camel, du moins une partie

parfois un bijou sort du lot (médina de Tozeur)

 

Au petit matin nous nous levons et déjeunons devant un soleil qui se lève à l’horizon, profitant au maximum de ses rayons qui nous réchauffent, comme si nous étions devenus des lézards et que nous attendions d’avoir une température interne suffisante pour commencer cette nouvelle journée qui s’offre à nous.

Nous pouvons enfin nous débarrasser de nos gants et de nos vestes d’hiver, enfiler nos tenues de cyclistes et partir à la découverte du Chott tunisien. Cette fois toute la végétation a disparu, laissant la place à une étendue plane que rien ne vient troubler puis comme par magie, le sable se teind de blanc, comme une couche de neige fraîche encore vierge de toutes traces où le soleil vient juste faire briller les cristaux, nous en restons bouches bées tellement le spectacle est beau. Nous progressons dans ce paysage quand soudain une odeur familière vient taquiner nos narines, l’odeur de la mer, des algues en décomposition, le lac n’est plus très loin.

A peine le temps de profiter de ces odeurs que nous nous apercevons que la blancheur de la couche de sel laisse petit à petit la place à du sable humide, puis de petites mares commencent à pointer le bout de leurs nez et enfin l’eau du lac envahi les deux côtés de la route la transformant en une longue digue toute droite nous faisant encore revivre cette sensation de rouler sur un disque de quelques kilomètres de diamètres avant que tout ne se trouble et disparaisse de notre vision  au bout de quelques kilomètres, comme s’il n’y avait plus rien après, comme un mirage, une sensation bien difficile à décrire, comme le bien être que l’on a ressenti dans cet environnement, un moment magique qui restera gravé à jamais dans nos yeux et dans nos mémoires.

un autre petit détail de cette belle médina

où quand l'art de la brique devient chef-d'oeuvre

les femmes peuvent voir la rue sans être vues des hommes

Après plus de 15 kilomètres de ce spectacle grandiose, un petit cube blanc se dessine petit à petit sur notre ligne de vision, grossissant aux fils des mètres parcourus et nous découvrons une de ces échoppes à touristes, dur retour à la civilisation. Les vendeurs nous voient apparaître petit à petit, se posant la question si leurs yeux ne leur jouent pas un tour, et une fois la surprise passée, voyant notre couleur de peau, ils se lèvent d’un coup et se ruent sur nous pour essayer de nous vendre leurs babioles à touristes.

Peine perdue car très vite nous arrivons à leur faire comprendre que nous sommes des voyageurs et non des touristes et comme par enchantement l’ambiance devient très vite plus amicale et nous sommes invités à boire le thé et manger des dates. Nous reprenons la route, sachant que dans 10 kilomètres la magie de cet endroit va laisser la place au monde que nous avions quitté deux jours plutôt. Nous ne pensions pas que le retour serait aussi dur car à peine arrivés dans le premier village, une ribambelle d’enfants cours à notre rencontre en nous demandant de leur donner de l’argent, joli héritage laissé par ces touristes imbéciles qui pensent faire le bien en distribuant leurs deniers à tour de bras, sans penser que leur geste crétin va pourrir l’âme de ces enfants (évidement qu’ils ne peuvent pas y penser, il faut plus de deux neurones pour cela )

Arrivés au deuxième village la chose recommence, mais cette fois voyant que nous allons continuer notre route sans nous arrêter, ils s’en prennent à la remorque d’Isabelle, manquant de peu de la faire tomber en donnant de grands coups dedans, puis nous courant derrière pour essayer de nous voler les différents objets sanglés sur nos remorques.

Pas le temps de sortir du village qu’un d’eux arrive enfin à ses fins, m’obligeant à mettre le pied à terre et prendre ma voie la plus méchante et bruyante possible, faisant cette fois enfin intervenir les adultes de la rue. Plus que quelques kilomètres et nous toucherons au but, Tozeur, malheureusement Isa est choquée par ce qu’elle vient de vivre, la stupidité du touriste lambda a encore frappé et les derniers kilomètres seront bien difficiles comme le retour à la civilisation encore plus cru que prévu.

un vrai bijou fait de briques (médina de Tozeur)

et des portes splendides (médina de Tozeur)

Tapis volants tunisiens

 

Avant de rentrer dans le vif du sujet qui hante nos esprits depuis Gabès, nous nous accordons une petite journée de repos et de vadrouille en allant découvrir la vieille Médina de la ville faite de brique jaune sable et de poutres de palmier, de portes en bois de toutes les couleurs décorées de clous, la première Médina qui enfin dégage une histoire, une vie, une âme, mais pour combien de temps encore car l’appât du gain facile avec le tourisme frappe à sa porte, saura-t-elle y résister comme elle à résister à 700 ans d’histoire?

Sur le retour nous retrouvons le coté malsain d’une ville touristique où l’argent n’a plus vraiment de valeur car si vous essayer de faire une comparaison, cela vous donnerait un steak à plus de 100 euros, ou alors un voyage d’une heure en calèche à 400 euros, ou tout simplement une chambre d’hôtel minable à plus de 300 euros. Nous nous demandons comment va finir la Tunisie et surtout que va-t-elle faire dans le futur de ses millions d’enfants que nous avons croisés durant notre voyage et qui rêvent d’une vie facile à l’image des touristes lambda et de leurs liasses de billets.

Nous voilà maintenant de retour dans notre chambre d’hôtel, enfin seuls, enfin plus que nous, nous nous assaillons l’un en face de l’autre, nous prenant par les mains comme des amoureux du premier jour se fixant avec intensité dans les yeux, les gorges se serrent, les mots ont de la peine à sortir, malgré cela, nous le savons tous les deux, nous savons, malgré l’amour fou qui nous lient depuis plus de 5 ans, que nos chemins vont se séparer dans quelques jours, notre amour est si fort que nous ne pouvons que respecter nos choix réciproques. Isabelle va rentrer retrouver sa famille et ses racines.

Isabelle à cœur ouvert

Extrait de mon journal de voyage :

C’est la Saint Valentin, les pieds dans le sable, les yeux plissés fixant le soleil couchant, l’oasis balayée par le vent du désert, nous nous taisons et savourons. Cela pourrait être une fête des amoureux idyllique, cela sera quand même ma plus belle Saint Valentin, tant l’ambiance est à la sérénité et à l’apaisement des maux, des maux de toute sorte.

Le ciel se teinte de rouge rosé, les vagues des dunes tremblent sous le vent, et moi je regarde au loin mon Homme, prenant à la ronde des photos comme lui seul sait les prendre. Même dans les pires moments il a l’œil toujours affûté pour fixer ces derniers instants de bonheur partagé. Je le vois au loin avec son chapeau australien, sa barbe de 15 jours, ses yeux rieurs et son sourire charmeur, comme il est beau mon Homme.

Il me dit : "S’il te plaît, tss tss tss, calme, tout doux, calme-toi, ce n’est pas grave, c’est la vie !"

Moi je pleure doucement, mes larmes coulent sur mes joues de dépit, de tristesse. Je vais quitter le navire, je vais laisser voguer mon Homme aux quatre coins du monde, car telle est ma décision et telle est la sienne.

Je l’ai rencontré avec ce rêve, vissé à son corps depuis sa plus tendre enfance, ce choix de vie où l’argent ne compte pas, où seul la découverte, l’aventure et les rencontres humaines ont un sens. Je n’essaierai à aucun moment de le faire renoncer à son voyage, de rentrer avec moi, car je sais qu’une pareille démarche le suiciderait à coup sûr. J’ai bien trop de respect et d’amour pour celui qui restera l’homme de ma vie, mon tit homme à moi.

Je ne sais qu’une chose, nous nous aimons comme des fous, et souffrir, nous allons souffrir du manque de l’autre mais je sais maintenant que je ne suis pas comme lui, que je ne suis pas une nomade, dieu sait si j’ai puisé jusqu’aux tréfonds de moi-même, je suis juste une maman et une amoureuse aveuglée par cet être exceptionnel. Et je respecte sa décision comme lui respecte la mienne car il ne veut que mon Bonheur et moi le sien.

Je ne sais pas encore dans quoi je m’aventure cette fois, je ne sais qu’une chose, je vais retrouver les miens et mes racines mais je sais surtout que je vais perdre l’amour de ma vie, et lui le sien. Peut-être, peut-être que cela ne sera que pour un temps, que nos chemins s’ils sont faits pour çà, se recroiseront.

La nuit est tombée sur le désert, l’étoile du Berger brille comme jamais, et le ciel se pare de mille feux pour nous souhaiter tout l’Amour de l’Univers.  

Main dans la main, comme inséparables, nous rebroussons chemin doucement, tout doucement, et je ne peux que lui chuchoter…

"Inch Allah mon Amour"

il me répond…

"très bonne Saint Valentin ma Tite Femme"  

Il est 18h sur le Sahara et la nuit froide est tombée, comme le rideau quand la pièce de théâtre est terminée, le rideau est tombé sur notre Aventure.

Avec tout mon amour

Isabelle

Nous allons passer quelques jours ici afin de préparer son retour et remonter à Tunis où nous nous dirons adieu… Mais cela est une autre histoire, alors il vous faudra encore attendre le prochain épisode...

 

2 mars 2009

Il nous aura fallu 9 jours avant de quitter le sud de la Tunisie, 9 jours dans cette ville de Tozeur à ne pas vouloir prendre ce train qui nous remonterait au nord, à Tunis, Tunis qui est pour nous synonyme de la fin d’une grande aventure, la fin d’un amour avec un grand A, un de ceux qu’il est rare de croiser dans sa vie, et dire que nous sommes tous les deux contaminés par cet amour suprême et malgré cela nous devons y mettre fin, la vie est parfois vraiment bizarre, elle nous parait même en ce moment être des plus cruelle et injuste…

Injuste comme ces 9 merveilleux jours que nous y avons passés sous le soleil et qui nous déchirent encore plus le cœur. Malgré notre tristesse intérieure, notre aura reste pareil et continue d’attirer à nous ces rencontres merveilleuses qui embellissent notre voyage depuis le début. Nous ferons la connaissance de Kalifa, patron d’une boutique pour touristes et de Marwen et Moez, ses deux employés que nous retrouverons par hasard quelques jours après avoir plaisanté avec eux sur le pas de porte de leur boutique d’où nous ressortirons sans avoir acheté son tapis volant et qui nous inviterons à partager dans leur maison un excellent couscous ainsi qu’une soirée mémorable où les larmes de rires couleront à foisons.

Nous ferons aussi une rencontre qui nous fera du bien à l’âme, les roule-Baraka, une famille française composée d’Eric, le Rasta-père et sa compagne Nathalie qui joue le rôle de maman et maîtresse d’école pour leurs deux enfants, Simon l’aîné, futur dessinateur de BD en culotte courte et Margot, la jolie chipie aux yeux si malicieux qui adore les jeux de mains, famille unie et complice avec qui nous partagerons de savoureux moments de vie, des moments emprunt d’amitié, de complicité et de rires, des instants magiques où nous aurons l’impression de faire partie de cette belle famille qui voyage plusieurs mois par an au volant de leur vieux camping-car. (www.lesroulbaraka.blogspot.com)

les roulbaraka au repos repas

en balade avec nous

ou en train de nous torturer durant cette petite balade tranquille

 

Voilà bientôt deux mois que nous sommes en Tunisie, deux mois où nous avons eu le temps d’apprendre et de vivre le pays, d’apprendre un peu de cette langue et d’avoir un accent presque parfait au point que beaucoup nous répondent en arabe, le temps de découvrir deux Tunisie, celle du Nord, pâle reflet de l’Europe sans les infrastructures qui vont avec, puis celle du Sud, beaucoup plus africaine et chaleureuse, une Tunisie qui me rappelle un peu la Suisse et sa rösti-graben (petite explication pour les non Suisse, rösti-graben, barrière de rösti. (spécialité culinaire suisse-allemande) une espèce de frontière imaginaire qui départage la Suisse germanique de la Suisse latine, qui délimite géographiquement deux mentalités complètement différentes)

La veille de notre départ nous nous réveillons comme à notre habitude au son de la voix du Mozine qui cinq fois par jour récite des versets du Coran à travers les hauts-parleur fixés sur le haut du minaret de sa mosquée, directement suivi de petites annonces comme un décès ou un objet trouvé (ici la mère Denis aurait vite retrouver son chat, ceci dit, il devrait aussi apprendre aux hommes de laisser un peu les femmes étrangères tranquilles 

Dernières rencontres et découvertes culinaires (mélangez de l’huile d’olive à du miel liquide et trempé votre pain dedans, un véritable délice au petit déjeuner) Une dernière journée où nous apprendrons que le mariage devient très difficile car l’homme doit construire une maison et la vie est devenue très chère de plus, les hommes ont très peur du divorce qui est ici admis. Derniers pas dans cette ville où sur le chemin de l’hôtel nous croiserons comme chaque matin un troupeau de chèvres qui gambadent seul dans la ville.

Plus que 24 heures avant de prendre le train de nuit, plus que 24 heures pour trier nos bagages, Isa met de côté toutes les affaires qui ne lui seront plus utile et les donnera plus tard à quelques nécessiteux de la place, puis elle me prépare amoureusement une boîte de premiers secours, pour ma part, je dois complètement réorganiser mon chargement car un voyage en solitaire se profile devant moi. La nuit est déjà bien avancée quand nous nous couchons, nos cerveaux refusent de se mettrent en veille et malgré la fatigue physique et psychologique, le sommeil tard à venir, nos émotions son tellement vives que ce n’est qu’au petit matin que nous nous endormons.

C’est les traits tirés et les yeux dans des valises que nous vivons notre dernier jour de voyage, de découvertes, le compte à rebours est déjà bien avancé et malgré nos efforts communs, le temps ne cesse de s’égrainer, nous laissant comme un arrière goût dans la bouche, comme si nous étions dans une baignoire et que nous ne voulions pas en sortir tant l’eau est reposante et à température idéale, malgré cela elle se vide, lentement mais inexorablement.

2 poubelles tunisiennes

petit mais bien courageux et robuste ce petit âne

camions tunisiens de ramassage des poubelles

 

Nous trouvons refuge au restaurant Le Tozorous (comme chaque soir), chez nos amis Mohamed et Salim qui ont vraiment régalé nos papilles durant tous ces jours, premier endroit depuis que nous sommes en Tunisie où nous nous sentons bien, est-ce à cause de l’amour qui a habité Mohamed quand il a fait la décoration de son établissement ou est-ce la personnalité de Salim et l’amour qu’il porte à son métier, sûrement un peu de tout cela, sûrement que nous ressentons cet amour qui se lie tellement bien au nôtre.

Le repas terminé et les adieux fait, nous nous dirigeons vers la gare, amicalement les conducteurs de calèche nous saluent de la main, saluent celui qu’ils appellent "Monsieur calèche non »s, derniers coups de pédales en amoureux, je jette un œil dans mon rétroviseur, je la regarde encore, toujours, il fait nuit, elle ne peut voir les larmes qui coulent de mes yeux, je ne veux pas qu’elle les voie, je veux qu’elle puisse partir l’esprit le plus libre possible, je ne veux pas qu’elle se sente responsable de ces larmes et culpabilise de ce qui me fait pleurer, son retour sera déjà assez difficile à vivre comme cela, vite, m’essuyer les yeux car nous arrivons à la gare et elle arrive à ma hauteur, ne plus pleurer, ne pas me laisser submerger par toutes ces émotions si fortes, si violentes et profondes, il reste tellement de choses à faire, à préparer, à prévoir pour lui simplifier son retour, j’aurai le temps de pleurer toutes les larmes de mon corps une fois qu’elle sera partie, une fois seul.

l'intérieur du restaurant Le Tozorous, petit coin de paradis

Salim le serveur parfait et le Chef Mohamed

Salim, futur globecycleur

Après 15 minutes de discussion avec les employés de la gare qui essaye de nous faire payer plus cher que le prix convenu quelques jours auparavant, nos vélos et nos remorques sont englués de colle et étiquetés, chargés sans ménagement dans le wagon bagages, les portes se referment sur nos affaires et le gardien, le long voyage de nuit de 9 heures peut commencer.

Nous nous asseyons l’un en face de l’autre, chahutés par les secousses du train qui tangue de droite à gauche, essayant de trouver le sommeil, sommeil perturbé par de nombreux contrôles de billets et passagers surchargés de bagages qui sont ici comme chez eux.

5 heures du matin, Tunis s’éveille et nous posons le pied sur le quai de gare, à moitié endormis ou à moitié réveillés, on ne sait pas vraiment, nous récupérons nos affaires dans un triste état, certaines pièces de nos remorques sont cassées ou tordues, la fermeture éclair d’une des sacoches d’Isabelle est complètement explosée et malgré le gardien du wagon bagages, nous découvrirons plus tard que certaines de nos affaires sont manquantes comme les médicaments pour le Crohn d'Isabelle (merci) ainsi que ses chaussures à talonette.

Quant à moi, il me manque notre petit parasol de plage qui se transformait en parapluie, un petit objet si précieux que nous ne retrouverons pas de sitôt. Nous errons dans la ville durant 4 heures, attendant de pouvoir enfin nous poser dans un petit hôtel, la place manque pour nos engins et nous devons encore trouver un garage pour les abriter avant de pouvoir profiter d’une bonne petite sieste réparatrice.

7 mars 2009

Nous voilà à Tunis et après un premier jour de récupération, nous filons à l’aéroport acheter nos billets et prendre connaissance des dispositions à prendre pour embarquer nos vélos-remorques. Ce fut une journée éprouvante, psychologiquement épouvantable car nous allions ensemble faire les démarches qui allaient nous séparer l’un de l’autre et physiquement harassante car nous avons été baladé d’un endroit à l’autre, d’un bureau à un autre, d’une personne à une autre personne et après 30 kilomètres de parcourus, nous avons enfin nos billets, enfin ?…

Nous avons malheureusement nos billets, cela nous rappelle qu’ils ne nous restent plus que 6 jours, 6 jours à vivre ensemble, dans cette atmosphère très étrange où l’amour, les larmes et les questions sans réponse se mélangent sans fin, où les moments de joie et d’amour riment avec tristesse et yeux larmoyants, qu’allons nous faire de cette nouvelle page blanche qui se profile devant chacun de nous deux, de quoi allons nous la remplir une fois séparés l’un de l’autre, qu’allons nous y écrire, et qu’allons nous devenir l’un pour l’autre, des amis, les meilleurs amis du monde, cela nous parait bien petit comparé à tout ce que nous avons vécu ensemble.

Alors allons-nous passé d’amoureux fous à frère et sœur afin de pouvoir garder en nous une trace d’amour indestructible et inconditionnel, Isa pour sa part aimerait se dire qu’elle rentre garder nos enfants alors que je suis grand-reporter et que toujours nous nous retrouverons. Tant de questions qui restent sans réponse et ce temps qui continue à filer au rythme des secondes, alors que nous n’avions plus aucune notion du temps dans notre voyage, voilà qu’il hante à présent complètement nos esprits.

voilà les calèches de Tozeur, vous savez, celles à 400 euros la balade, plutôt pourrie pour ce prix

petit souk haut en couleur

et encore une histoire de tapis volants

 

Malgré cette échéance qui se rapproche inéluctablement, nous essayons toutefois de le remplir tant bien que mal en partant découvrir la Médina, en visitant le musée Bardot, mais le cœur n’y est plus vraiment, nos doigts se cherchent et s’entrelacent, nos mains ne veulent plus se séparer comme si elles savaient qu’elles allaient se perdrent dans quelques jours, ne plus se revoir, ne plus pouvoir caresser l’autre ou se perdrent dans sa chevelure.

Je ne sais plus à trois jours du départ comment je dois me comporter, j’aimerais me fondre en elle mais j’ai vraiment peur du vide qu’il y aura après, trop peur de le rendre sans fin si je me perds en elle pour en profiter au maximum, trop peur de chercher son odeur en vain, trop peur des coups d’œil que je jetterai plus tard dans mon rétroviseur qui ne va me renvoyer qu’un paysage vide, vide d’elle, vide de toute vie, de tout amour. (mon David je suis là collée aux moindres parcelles de ton corps, et je te protège !)

Plus les heures passent et plus je me retrouve nez à nez avec cette page blanche, vierge de tout, car après avoir passé plus de 5 ans avec elle, rêver puis  préparer durant plus de 4 ans ce voyage, pour enfin le vivre durant plus de 10 mois, avoir passé près de deux ans collés 24 heures sur 24 l’un à l’autre et tout perdre en l’espace d’une seconde, se retrouver sans repère, sans personne, seul, tout seul, nu comme à la naissance, perdu sur un petit bout de terre loin de tout, le choc va être violent, comme pour Isabelle qui retourne auprès des siens, elle va devoir à nouveau dompter le temps, se refaire une vie dans cette société étrange qu’elle a quittée, cette société où l’argent est roi, où il ne faut jamais tourner, sans méfiance, le dos aux gens sous peine de s’en mordre les doigts, où le bon sens n’a plus court,  où les machines sont mieux entretenues que les hommes, où la plupart des hommes ne font plus que survivre.

plutôt difficile de rouler en vélo dans ce pays, à vous rendre chèvre

 

Samedi, déjà samedi, notre dernier jour, demain nous prendrons l’avion, chacun dans une direction opposée, chacun pour un avenir diamétralement opposé, si ce n’est le fait de devoir apprendre à se passer l’un de l’autre, se passer de son amour, mais demain nous fait peur, comment allons nous vivre ce demain, quand nos doigts se décroiseront et laisseront glisser ceux de l’autre pour ne plus les sentir, comment seront-nous quand je la laisserai passer le portique d’entrée de son avion, quels seront nos derniers mots, nos dernières pensées et derniers gestes.

Nous aimerions que demain ne soit jamais demain, que le temps pour une fois s’arrête, que tout se fige pour un instant, pour un moment, pour l’éternité, mais le temps continue sa course sans se soucier de nous, il file droit devant lui sans se poser de question, voilà l’exemple à suivre, ne plus se poser de question, rien qu’un instant, se dire que demain n’est pas aujourd’hui, que demain est un autre jour, qu’aujourd’hui n’est pas demain et qu’il faut profiter de ce qui nous reste, profiter de nous une dernière fois, essayer de vivre ce jour comme-ci il était le dernier, le dernier jour pour nous aimer.

Aujourd’hui n’est pas demain et demain est un autre jour, demain est une autre histoire, histoire que nous vous raconterons une prochaine fois, à notre prochaine connexion…

(mon Amour de tit n’Homme… que tu leur raconteras, que tu me confieras)

…pour la première fois je viens de me relire et mes yeux sont inondés de la tristesse qui sommeille en moi...

Dans un petit moment Isabelle, comme à son habitude, va venir s’asseoir ici et corriger pour la dernière fois mes photent dorthaugraffe, ces yeux vont aussi se remplir de larmes à la lecture de ces quelques lignes qui sortent droit de mon cœur, droit de mon âme, alors je veux en profiter pour lui dire tout l’amour que j’ai pour elle, la remercier de tout mon être de ce qu’elle m’a apporté durant toutes ces années, la remercier de tout cet amour dont je me suis nourri à foison, merci mon amour, merci pour tout, merci d’exister et surtout ne regrette jamais cette dure décision que tu as du prendre.

Prend soin de toi dans ta nouvelle vie "ma tite Femme" et vit la complètement pour nous, pour TOI... Je t’aime

ton tit n’Homme

Qu’une chose a ajouté, car tout est merveilleusement écrit…

MERCI

je T’aime et T’aimerai toujours

ta tite Femme

 

11 mars 2009

Me voilà dans un hôtel au Caire, assis sur mon lit devant mon ordinateur, les yeux perdus sur la blancheur de cette page, je cherche les mots, les phrases à y écrire mais mon esprit s’embrouille entre la tristesse et les souvenirs de nos dernières 24 heures. Je me revois lui promettant de ne pas la retenir et maintenant je m’en mords les doigts, comment ai-je fais pour ne pas la retenir, ne pas lui dire toutes les souffrances que j’avais dans ce cœur qui ne battait plus qu’un coup sur deux, juste de quoi me tenir en vie, comment ai-je pu retenir toutes ces larmes qui ne demandaient qu’à sortir de moi, je ne le sais pas, je n’étais plus moi, je n’était qu’une âme en peine, remplie d’émotion et de tristesse, sensations qui me torturaient sans fin, sans répit, je ne pouvais que la regarder et pleurer au fond de moi en me disant que je ne devais pas craquer, pas maintenant.

Tout a été de travers durant ces dernières heures, même notre dernier souper en amoureux fut un fiasco, l’endroit était pourtant paisible quelques jours auparavant et voilà que le dernier soir il se remplit de buveur de bière qui font un tel bruit que nous avons de la peine à nous entendre, à nous parler, et la nuit venue ne fut pas mieux, j’ai été incapable de lui faire l’amour pour la dernière fois, je n’ai pu que la serrer dans mes bras, me lover contre elle, épouser chaque centimètre de son corps, comme un moule autour de sa statue, était-ce pour garder une emprunte ou une sensation afin de pouvoir supporter les nuits solitaires qui m’attendaient au coin du mur ?

Je ne le sais pas non plus. Je suis là assis depuis deux jours, à revoir en boucle notre dernier réveil, encore enlacé, encore collé l’un contre l’autre, à sentir pour la dernière fois la douceur de sa peau, la chaleur de son corps, je la regarde pour la dernière fois, comme si je voulais graver à tout jamais son image dans mes rétines, était-ce pour garder une image qui adoucirait les jours noirs à venir, je ne le sais pas non plus.

Puis vint le moment du départ, les bagages sont prêts, nous allons parcourir ensemble nos 10 derniers kilomètres à vélo, l’un à coté de l’autre, mais la-aussi le destin en à fait qu’à sa tête car un cycliste c’est collé à nous pour nous accompagné sur le chemin de l’aéroport, ne nous laissant seul que pour le dernier kilomètre, bien peu pour dire adieu à 5 ans de vie, bien peu pour me laisser le temps de lui dire mon amour, bien peu pour calmer la douleur qui vit au fond de moi depuis trop longtemps.

Kilomètre 12'844, nous posons le pied au sol, ils ne nous restent plus qu’une petite poignée d’heure et beaucoup de choses à faire, choses qui prennent beaucoup trop de temps à mon goût, choses qui me volent mes derniers moments de vie avec Isabelle sans parler de tous ces touristes qui ne cessent de nous questionner encore et toujours sur nos engins, sur notre voyage, encore du temps perdu et au final il ne nous restera qu’une poignée de minutes, 20 exactement, vraiment trop peu pour nous laisser le temps de nous dire adieu, pas assez pour sécher les larmes qui coulent sur son visage, pas assez pour nous dire une dernière fois "Je t’aime".

après l'enregistrement, nous nous retrouvons pour la dernière fois à coté de mon vélo, qui voyagera dorénavant seul

dernière fois qu'elle se retournera, qu'elle posa ses yeux sur moi avant de m'envoyer son dernier bisou d'amour

 

Il est l’heure, nous nous dirigeons doucement vers la porte passager, celle que je ne pourrais franchir, celle qui vas nous séparer l’un de l’autre, nous nous embrassons une dernière fois, nous nous regardons pour la dernière fois, puis sa main lâche la mienne, nos doigts se frôlent une dernière fois et se quitte, Isabelle se dirige vers le policier, se retourne pour m’envoyer son dernier bisou puis disparaît de ma vue, me laissant seul au prise du policier qui veut absolument que je détruise la dernière photo que j’ai prise d’elle car il y apparaît, même nos adieux on été un fiasco, je n’aurais pu imaginer pire départ. 

voilà le méchant policier qui a voulu que je détruise la dernière photo de ma tite femme, bin toc, je t'enmerde et je la publie na

Me voilà seul dans l’aéroport, je dois encore patienter 8 heures avant de pouvoir à mon tour prendre l’avion, je deviens fou, le temps ne passe pas, je tourne en rond comme un lion en cage et après 30 minutes qui me sont parues une éternité, je sors de l’aéroport à toute vitesse essayant d’apercevoir l’avion qui allait m’enlever mon amour, je cherche désespérément, ne pouvant voir qu’un seul avion, la devant moi, à peine 100 mètres nous séparent, mais elle ne peut me voir, elle ne sait pas que je la cherche désespérément du regard, qu’elle me manque déjà.

Je vois sa remorque passer sous mes yeux dans un wagon bagage, elle est chargée dans l’avion, maintenant je sais que c’est son avion mais je ne peux la voir, mon estomac se serre, mes poumons me font mal, j’aimerais tellement la revoir une dernière fois mais rien ne se passe. Agitation autour de l’avion, agitation au fond de mon être, les portes de l’avion se referment et l’escalier est retiré.

Un engin pousse doucement l’avion en le faisant pivoter, je sais qu’elle a une place fenêtre, la place 17A, je compte les hublots, 1, 2, 9, 13, 16… 17, elle doit être derrière celui-ci, je balance les bras et sautille sur place dans l’espoir qu’elle me voie, de la voir moi aussi puis l’avion avance doucement pour aller se mettre sur la piste d’envole en disparaissant de ma vue, caché par des bâtiments. Je sors mon appareil photo et attend son passage sur la piste, le temps me parait une éternité, comme si le temps s’était arrêté puis l’œil vissé sur le viseur je vois enfin apparaître son avion, il file à toute allure, se décollant gentiment du sol puis se hissant dans les airs tout doucement, emportant avec lui ma raison d’être.

Je continue de prendre des photos, ne rien manquer de ce moment, je le canarde tant que mon zoom le permet, comme si je ne voulais n’être qu’un spectateur, je lâche mon appareil, le laissant pendre à mon cou, et je regarde son avion s’élever dans le ciel, je ne le quitte pas des yeux, il pleut, une goutte vient de tomber sur ma main, puis deux, je ne quitte toujours pas son avion des yeux mais l’image se trouble, je comprend que ce ne sont pas des gouttes de pluie, mais des larmes, mes larmes qui peuvent enfin sortir alors que son avion devient un petit point blanc avant de disparaître dans l’horizon.

je sais maintenant que c'est son avion, elle est si proche et pourtant si loin déjà

puis doucement l'avion...

...prend son envole...
...et puis petit à petit...

...disparait en emportant...

...loin de moi la femme que j'aime...

 

Nous sommes le dimanche 8 mars, journée de la Femme, triste coïncidence alors que je viens de perdre celle qui remplissait ma vie... ma vie ? qu’est devenue ma vie maintenant, je ne le sais pas non plus, j’aurais le temps de faire le point en Égypte, je ne sais qu’une chose pour le moment, j’ai un avion qui m’attend pour m’emmener vers un nouveau destin, une nouvelle vie, vers une nouvelle naissance qui débutera à 2 heures 30 du matin quand je poserais le pied sur le sol égyptien, le jour où les Musulmans fêtent la naissance de leur prophète Mohamed, né un 9 mars 570 (j’arrive juste à point ) Voilà, je peux tourner la page Tunisie, mais cela est une autre histoire que je vous conterais peut-être…

(pourquoi peut-être, simplement parce que cela me prend pas mal de temps pour faire vivre ce site mais comme vous étiez nombreux à suivre notre histoire, notre voyage, (environ 500 connections les 30 derniers jours) cela ne me posait pas de problème de vous consacrer ces moments, mais la je ne sais pas si cela vous intéresse de continuer à suivre une nouvelle histoire, celle d’un voyageur solitaire parcourant le monde à la recherche de son petit coin de paradis, à la recherche d’une nouvelle raison d’être, d’une nouvelle vie.

Maintenant je vais prendre quelques jours ou quelques semaines pour voir où j’en suis, pour faire le deuil de mon ancienne vie afin de poser de nouvelles bases solides qui accueilleront ma nouvelle vie de globecycleur solitaire, et à mon retour, si j’ai un nombre suffisant de messages ou e-mails qui me demande de continuer le site ou si je vois que la fréquentation de celui-ci continue de la même manière, c’est avec plaisir que je le ferais.

(ouiii mamy mélodie et Tipoucet,  je sais que je peux déjà vous compter parmi ceux qui veulent que je le continue le site) Un petit détail en plus, si je continue, ils vous faudra vous habituer à mes fautes d’orthographes, car je ne suis vraiment pas copain avec la grammaire et j’ai plus Isa pour me corriger)

Voilà, je crois que j’ai tout dit, ne me reste plus qu’a vous remercié d’avoir suivit notre histoire, d’avoir partagé nos petits malheurs et nos moments de bonheurs, d’avoir vécu avec nous ce voyage en direct et de nous avoir soutenu dans ces moments difficiles que la vie nous fait parfois vivre, et si l’histoire devait s’arrêter là...  je vous souhaite à tous la meilleure des vies et tout le bonheur du monde qui va avec ...  

 

Je lui dédie cette musique pour saluer son courage, que cette mélodie te donne la force nécessaire à la construction de ton nouveau nid

 

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